Le crédit privé au service des infrastructures
Synthèse
L’une des tendances actuelles les plus marquantes en matière d’investissement est la demande croissante de crédit privé pour financer les infrastructures. Ces actifs sont largement considérés comme la colonne vertébrale de l’économie mondiale – en assurant le transport de personnes, de biens, de marchandises et de données là où le besoin s’en fait le plus sentir. Elles sont dès lors appelées à jouer un rôle crucial dans L’atteinte des objectifs globaux en matière de neutralité carbone. Selon les estimations de l’AIE, au cours des 20 à 25 prochaines années, plus de 150 000 milliards de dollars seront nécessaires pour financer les projets d’infrastructure indispensables à cette transition.
Les actifs d’infrastructure englobent par ailleurs un large éventail de projets, depuis les installations de traitement des déchets et les projets d’énergie renouvelable offshore jusqu’aux centres de données, aux écoles, aux hôpitaux, aux routes, aux aéroports et aux services des eaux… Alors que les financements traditionnels se réduisent dans ce domaine, le crédit privé répond à l’appel pour combler le déficit.
Dans ce contexte, la dette d’infrastructure, en particulier sur le segment du mid-market, offre aux investisseurs institutionnels la possibilité de générer des performances robustes et stables tout en finançant directement des projets dans les domaines des énergies renouvelables, des transports et des infrastructures numériques.
Bien loin des craintes d’une éventuelle saturation du marché, l’appétit pour le crédit privé demeure fort : les investisseurs qui n’ont pas encore alloué de capitaux au crédit privé l’envisagent de plus en plus, tandis que les investisseurs existants cherchent à accroître leur exposition.
Les attraits du mid-market : Quand le financement rencontre l’opportunité
Les projets d’infrastructures de grande envergure attirent souvent les financements des grandes institutions, mais selon nous, le segment du mid-market (financements totaux de 50 à 250 millions d’USD) reste largement sous-exploité. Les émetteurs du mid-market manquent souvent d’actionnaires aux moyens importants, ce qui rend le financement externe essentiel.
Les développeurs d’énergies renouvelables en sont un excellent exemple. Ces entreprises doivent faire face à des coûts de départ importants pour acquérir des terrains, obtenir des permis et construire des installations d’énergie renouvelable. Les banques traditionnelles refusent souvent de financer ces entreprises et les marchés cotés ne sont pas adaptés, ce qui laisse un vide que les investisseurs institutionnels privés peuvent combler.
Les projets qui accélèrent la décarbonation, que ce soit en produisant des énergies renouvelables, en améliorant l’efficacité énergétique ou en réduisant les émissions des industries à forte intensité de carbone, figurent aussi régulièrement dans les stratégies de dette d’infrastructure.
De nombreux projets du mid-market ne répondent pas encore aux critères traditionnels de l’investment grade, mais présentent des fondamentaux et un potentiel de performance solides, ce qui peut les rendre intéressants pour les investisseurs ayant une appétence pour le risque appropriée.
Contrairement aux marchés cotés de la dette, le manque de transparence du crédit privé suscite souvent des inquiétudes sur les risques liés à l’effet de levier des entreprises. Ces préoccupations ne doivent pas être négligées. Mais la capacité de cette classe d’actifs à répondre aux besoins spécifiques des emprunteurs, quelle que soit la structure, peut lui conférer un rôle essentiel pour combler le manque de financement.
Des tendances porteuses en matière d’investissement
L’évolution du paysage de l’investissement et le climat macroéconomique sont deux thèmes qui renforcent l’attrait de la dette infrastructure.
Autrefois dominée par les compagnies d’assurance à la recherche d’actifs à long terme investment grade, la dette d’infrastructure attire aujourd’hui les fonds de pension, les family offices et les investisseurs à la recherche d’opportunités à plus haut rendement et à duration plus courte. De nombreux investisseurs ont fortement investi dans les prêts directs ces dernières années et cherchent maintenant à se diversifier. La dette d’infrastructure offre une alternative potentiellement moins risquée aux prêts directs tout en offrant des performances attrayantes en comparaison avec les marchés cotés.
Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt a rendu les actifs à rendement plus attrayants, positionnant la dette d’infrastructure comme une alternative convaincante à d’autres stratégies alternatives, y compris les actions du secteur des infrastructures. Les moteurs fondamentaux de l’investissement dans les énergies renouvelables — la rentabilité et la sécurité énergétique — restent puissants malgré les incertitudes politiques. La transition énergétique est aujourd’hui de plus en plus dictée par les forces du marché, ce qui lui permet de résister aux changements politiques et de renforcer la viabilité à long terme des investissements dans le secteur.
Quelles perspectives ?
La dette d’infrastructure sur le mid-market est une opportunité en plein essor, et les investisseurs institutionnels du monde entier commencent à le réaliser. En se concentrant sur des projets en phase avec la transition énergétique, les investisseurs peuvent bénéficier de performances financières compétitives tout en soutenant la dynamique mondiale en faveur de la décarbonation.
Compte tenu de l’évolution des préférences des investisseurs, de la sophistication croissante du marché et de la solidité des soutiens macroéconomiques, nous considérons que la dette d’infrastructure devrait devenir une des pierres angulaires des portefeuilles d’investissements alternatifs.
Alors que le crédit privé continue d’évoluer, son intégration dans la dette d’infrastructure met en évidence son potentiel plus large. La synergie entre le crédit privé et le financement des infrastructures modifie la façon dont les investisseurs institutionnels abordent les actifs alternatifs. En offrant des solutions de financement flexibles et ciblées, le crédit privé ne se contente pas de combler les lacunes laissées par les prêteurs traditionnels : il est, selon nous, en train de dessiner les contours d’une nouvelle ère pour les marchés de capitaux.